Activité transversale d'infectiologie à l’hôpital Farhat Hached de Sousse
Keywords:
infectiologie transversale, équipe mobile en infectiologie, bon usage des antibiotiques, maladies infectieuses, résistance aux antimicrobiens, télémédecine, Tunisie.Abstract
Contexte : L’activité transversale en infectiologie revêt une importance cruciale pour aider au diagnostic, optimiser l'utilisation des
anti-infectieux et lutter contre la résistance bactérienne. L’hôpital Farhat Hached de Sousse s’est doté depuis 2016 d’une équipe mobile d’infectiologie
(EMI), dont l’activité nécessite une réévaluation régulière, afin d’apporter les améliorations nécessaires. L’objectif de cette étude est de décrire l'activité
actuelle de l'EMI et de discuter de son évolution au fil du temps.
Méthodes : Une étude descriptive a été menée sur six mois (janvier-juin 2024) à partir des données collectées à travers l’activité de l’EMI. Les appels
des services d’urgence n’ont pas été inclus. Les experts de l’EMI sont représentés par un médecin spécialiste en infectiologie et un résident en
formation. Les données étaient saisies sur un fichier Excel, de façon simultanée à la dispensation de l’avis. Les données recueillies comportaient les
caractéristiques des demandes, les infections suspectées et les interventions de l'EMI.
Résultats : Au total, 496 interventions ont été réalisées, dans 99,4 %des cas pour des patients hospitalisés dans le secteur public. La majorité des
sollicitations provenaient de l’hôpital Farhat Hached(62,3 %), tandis que le reste était réparti entre l’hôpital de Sahloul (34,1 %) et d’autres structures
(3,6 %). Les demandes provenaient de services à vocation médicale dans 63,5% des cas. Les principaux demandeurs d’avis étaient des médecins en
formation (97%). L’avis était considéré comme urgent par les demandeurs dans 66,7 % des cas. Le motif de la demande était une aide à l’antibiothérapie
dans 73,2 % des cas. Des prélèvements microbiologiques ont été effectués dans 80,6 % des cas, ayant permis une documentation microbiologique dans
38,5 % des cas. Il s’agissait d’une infection associée aux soins dans 38,9% des cas. Les principaux sites infectieux étaient urinaires (19,8 %), pulmonaires
(19,4 %) et cutanés (15,3 %). L’intervention de l’équipe mobile d’infectiologie (EMI) s’est traduite par une modification du traitement en cours dans
192 cas (38,7%). Il s’agissait d’une désescalade dans 62 cas, d’un arrêt du traitement anti-infectieux dans 61 cas, d’un ajustement posologique dans
12 cas et d’un élargissement du spectre dans 40 cas. Pour les situations où les patients n’étaient pas déjà sous traitement anti-infectieux (226 cas),
l’instauration de ce dernier a été indiquée dans 119 cas. Par ailleurs, le maintien de la même antibiothérapie en cours était la conduite conseillée par
l’EMI dans 78 cas (15,7%).
Conclusion : Cette étude met en évidence le rôle central de l’EMI dans l’optimisation et la rationalisation de l’usage des anti-infectieux. L’augmentation
du volume d’activité ainsi que les limites identifiées soulignent la nécessité d’une réorganisation, en intégrant des solutions numériques telles que la télé-
expertise. Le développement d’outils interactifs et interopérables, enrichis par des données locales pour entraîner des algorithmes adaptés, constitue
une perspective stratégique pour améliorer la réactivité, renforcer la pertinence des interventions et soutenir la lutte contre l’antibiorésistance.